jeudi 15 mai 2008

Chaque femme est un roman


Jardin ne s’en fait pas. Il écrit « roman» sur la couverture. C’est cela, oui (à prononcer avec la voix de Thierry Lhermitte dans Le Père Noël est une ordure). On appelle ça se moquer du monde. Il raconte sa vie. Sa façon est de le faire à travers les femmes qui ont compté pour lui. Il y en a un paquet : la voisine d’en face, une lesbienne paparazzo, sa banquière, une institutrice de CM2, une nommée Liberty. Au premier rang se tient sa mère : « Dans la savane de mes souvenirs, je traque les gibiers de sa classe. » Rude concurrence. Mme Jardin bouscule le quotidien, fait mordre la poussière à l’habitude, brûle les livres, vend ses maisons.
Alexandre a été à bonne école. Il a mis du temps à devenir déraisonnable, c’est-à-dire à ressembler à son père, le fougueux Pascal. Ils ont désormais en commun cette manière de fouetter la langue, de redonner du lustre aux adjectifs, d’échapper à la redoutable espèce des gens de lettres. Un salubre courant d’air circule dans ces pages qui se conjuguent au féminin. Un éditeur se fait greffer un ballonnet dans le cerveau pour stimuler sa libido. Une Japonaise exaltée confond l’auteur avec Daniel Pennac. Une romancière indienne claque sa fortune en cinq jours à Rome avec Gérard Depardieu et Helmut Berger. On ne croit pas une seconde à ces aventures farfelues, mais c’est ça qui est bien. Finalement, ça n’était pas idiot de dire qu’il s’agit d’un roman.

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